Révolutions arabes : quand la presse et les intellectuels de gauche nous parlaient de ce vent de liberté

Le 22 février 2011, dans le Monde, Anis Balafrej écrit : « La révolution de la jeunesse arabe ne suscite pas l’enthousiasme de certains intellectuels français. Passée la stupeur, ils sont bien obligés d’admettre la réalité : en deux mois, un mouvement de masse pacifique et résolu a mis à bas deux tyrans corrompus et alliés de l’Occident. »

Dans le Monde des Religions, le 1^er mars 2011, Frédéric Lenoir, intellectuel enthousiaste écrit avec une plume enfiévrée du visionnaire : « Ce que nous voyons aujourd’hui, c’est que ces peuples se révoltent parce qu’ils aspirent, comme nous, à deux valeurs qui fondent la dignité humaine : la justice et la liberté. Ce ne sont pas des idéologues barbus qui ont lancé ces révoltes, mais de jeunes chômeurs désespérés, des hommes et des femmes éduqués et indignés, des citoyens de toutes catégories sociales qui réclament la fin de l’oppression et de l’iniquité »

Dans Médiapart du 18/02/2011, nous lisons la force du vrai journalisme d’investigation, celui qui comprend les évènements : « Les peuples, eux, nous l'avons vu, n'ont que faire de ces ombrages ; de part en part de l'aire arabe, les devises et les emblèmes tunisiens ont été levés et scandés, tels les vers du poète Chabbi: «Quand le peuple veut vivre, le destin ne peut que plier», jusqu'à la reprise du vocable français « dégage », langue peu parlée à l'Est. Il en fut de même lorsque la chute de Moubarak a été annoncée, les couleurs de la joie égyptienne resplendirent spontanément partout. »Dans Libération, une interview intitulée «Ces révolutions ont brisé une malédiction arabe » (2/2/2011), nous pouvons être rassurés sur l’avenir par la clairvoyance de politologues avertis : « La Tunisie brise la malédiction et l’Egypte la pulvérise de par son poids politique et démographique. Elles montrent que cette impasse était un trompe-l’œil. Que l’option de la liberté, de la dignité, du droit, existe. Que ce n’est pas une hallucination d’intellectuels coupés de la réalité, mais que c’est, au contraire, un désir profond et partagé. Le courage, la persévérance, la maturité tranquille du peuple tunisien, lui ont permis d’affirmer ce désir et de continuer à le proclamer, malgré la sauvage répression. »

Après quelques petits mois de ces fantastiques et généreuses révolutions, bien aidées par les pays européens notamment avec plusieurs millions d’euros pour aider Bengazi dans sa lutte contre Khadafi, voilà le résultat :

En Lybie, juste après la mort de Khadafi, sans aucune élection, le président du CNT, Mustapha Abdel Jalil, indique que "toute loi qui violera la charia sera légalement nulle et non avenue". »

En Egypte, des villages et des églises coptes attaqués, notamment dans le villade de Nazlet Faragallah, avec des maisons pillées et brûlées avec des armes automatiques et des cocktails Molotof

En Tunisie, une chaîne de télévision attaquée après la diffusion du dessin d’animation Persépolis qui représenterait une atteinte à l’image du prophète. Plus des protestations des islamistes pour avoir le droit de porter le niqab à l’Université. Et aujourd’hui, le parti islamiste Ennahda arrive en tête aux dernières élections.

Merci à tous les intellectuels de gauche qui ont anticipé les événements proches et récents. Les mêmes qui nous rassurent encore et encore sur la stabilité de l’Euro et de nos institutions.

Ça va mieux.